Les Parades des courtisanes
- Lehmann - Estampes japonaises XIXème siècle

- 29 oct.
- 3 min de lecture
Dernière mise à jour : il y a 5 jours
L'estampe attribuée à Kunisada, présente la courtisane de haut rang Koimurasaki, de la maison de passes Tamasakura, dont l'adresse (1 Edocho, Shin Yoshiwara) est indiquée sur l'estampe.

Cette riche et opulente tenue et les Geta (sandales) surélevées étaient exclusivement portées lors des Parades à travers le Yoshiwara, appelées : Oiran Dochu (la Parade des Oiran- courtisanes de haut rang).
Pour des détails sur les courtisanes de haut rang et la hiérarchie au Yoshiwara, lire le Post Le Quartier de Yoshiwara - Organisation et Hiérarchie
La Parade des Oiran (Courtisanes de haut rang)
La Parade (Oiran Dochu) désigne le cortège au cours duquel les courtisanes de haut rang des maisons closes se parent de leurs plus beaux atours et se dirigent vers les maisons de thé (maisons de passe) où les clients les attendent.


La courtisane est vêtue d'un riche kimono et porte à ses pieds des sandales en bois surélevées de 24cm : cette tenue met en valeur non seulement la courtisane mais aussi sa maison de passe et permet d'attirer des clients.
Mais cette parade donne surtout l'opportunité à l'Oiran de démontrer sa maîtrise d'un pas très particulier : le Sotohachimonji
La Parade
Soto Hachimonji signifie « le Pas en forme de V inversé »
Chaque sandale pesant environ 3,5kg, ce pas de danse réclame un long apprentissage.
Hachi signifie 8 et l’idéogramme qui signifie 8 ( 八) ressemble à un V inversé.
Avec un kimono et des geta (sandales japonaises), la technique impose de marcher en décrivant un léger arc de cercle, en cherchant à descendre des genoux, et à garder l'ourlet de ses vêtements propre et net. Les sandales de haute taille permettent de conserver un ourlet immaculé. Ces sandales soulignent également la nature supérieure de la courtisane (elle est plus grande que les autres).
Dans une chronique de 1689 sur le Yoshiwara, on peut lire:
"La robe en crêpe écarlate flotte, et lorsque les chevilles blanches et les cuisses hautes apparaissent, même si cela signifie être décapité demain, on ne peut s'empêcher de vouloir posséder cette dame".
La procession était assez courte (200 à 400m-la longueur du Yoshiwara) mais durait environ 1 heure.
Les processions des Oiran remontent au début de l'époque d'Edo (1600), mais progressivement les sandales (geta) ont gagné en taille. C’est en 1716 qu’elles ont atteint la taille de 24cm.
La rivalité Kyoto/Osaka -Tokyo
Même dans ce domaine des plaisirs tarifés, la rivalité Kansai -Kanto (Kyoto et Osaka vs Tokyo) se manifeste.
Dans les quartiers des plaisirs de Shimabara (Kyoto) et Shinmachi (Osaka) c'est le pas Uchi Hachimonji qui était pratiqué (Le Pas en forme de V par opposition au Pas en forme de V inversé de Tokyo)
On note un mouvement équivalent mais à la fin, les orteils sont pointés vers l'intérieur à Kyoto, contre l'extérieur à Tokyo.
Le Sotohachimonji était considéré comme plus glamour et sexy qu'Uchihachimonji.
Lequel est le plus sexy : A vous de choisir !
En synthèse l'Oiran Dochu est symbole d'un patrimoine culturel important, du sens esthétique et de la culture florissante du quartier chaud de l'époque d'Edo. Sa splendeur et son élégance demeurent, aujourd'hui encore, des éléments essentiels des débats sur la beauté traditionnelle japonaise.
Ceci témoigne également de la pertinence de la maxime des quartiers de plaisirs de la période Edo : « La beauté s'acquiert par le travail ».
Le cortège des courtisanes ne se résumait pas à l'apparence ; il reflétait aussi les compétences cachées, l'entraînement et la spiritualité qui le sous-tendaient.
外八文字
花魁道中




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