Sanae Takaichi : La Thatcher du Japon - Un combat de plus
- Lehmann - Estampes japonaises XIXème siècle
- 20 oct.
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Dernière mise à jour : 24 oct.
Sanae Takaichi est deenue le 21 octobre 2025 la première femme Première Ministre du Japon dans un pays au 118ème rang du World Economic Forum’s Global Gender Gap Index (la France est 22ème) !
Sanae Takaichi veut devenir la Thatcher japonaise en insistant sur l'importance du travail et la nécessité d'une politique libérale et en adoptant sur les sujets de société une position conservatrice (opposition au mariage pour tous, opposition à l'accession d'une femme au Trône Impérial, opposition à la possibilité des conjoints de conserver chacun leur nom de naissance).
Elle est également opposée aux quotas de femmes dans les organes dirigeants des grandes entreprises japonaises.
Elle est membre d'un think-tank nationaliste (Nihon no kaigi- Conférence du Japon) visant à nier les atrocités commises par l'Armée Impériale pendant la seconde guerre mondiale. Littéralement l'objectif du think-tank est de" changer la conscience nationale d'après-guerre basée sur la vision de l'histoire du Tribunal de Tokyo". Elle combat également pour le rétablissement du statut divin de l'Empereur. Voir le Post sur le militarisme japonais.
Le dernier combat pour devenir Première Ministre
Mais pour devenir Première Ministre, celle qui a été élue Présidente du Parti Libéral Démocrate (LDP) le 4 octobre (voir Post précédent) aura mené ces deux dernières semaines un nouveau combat contre l'Establishment.
Avec 196 députés alors que la majorité absolue est de 233, le LDP a besoin d'alliés.
La trahison du Komeito
Le Komeito, parti bouddhiste était depuis 80 ans un allié indéfectible du LDP.
Le 14 octobre, le Komeito annonce qu'il ne votera pas pour Sanae Takaichi : Le Komeito exigeait une interdiction des dons des entreprises aux sections locales des partis politiques (suite à un scandale en 2023), ce que Takaichi a refusé : le LDP ayant une organisation décentralisée, aurait été plus impacté que les autres partis.
Sa nomination est alors à risque : les hommes de l'Establishment réussiront ils à empêcher une femme de devenir Première Ministre ?
L'habileté politique de Takaichi
Takaichi engage des discussions avec le Parti Ishin (Parti japonais de l'Innovation), fort de 35 députés.
Ce jeune parti né en 2012 est à la fois ultralibéral économiquement et conservateur socialement.
Le 20 octobre un accord de gouvernement est signé entre le LDP et le Parti de l'Innovation :
Un accord de Gouvernement à faire rêver (certains) Français
Sur la forme:
En 2 semaines Sanae Takaichi réussit à résoudre une crise majeure (pas de majorité pour un premier ministre) en constituant un gouvernement disposant d'une majorité, grâce à une alliance avec un jeune parti. Elle triomphe ainsi d'un parti historique dont les prises de positions tenaient pour certain plus de la misogynie que de la divergence politique.
Sur le fond (entre autres):
Réduction de 10% du nombre de députés qui devrait passer à 420 environ (contre 511 en 1996) soit une baisse de 20% en 30 ans. Sur la même période, on est passé de 491 à 577 députés en France.
Réduction de la TVA sur produits alimentaires
Avec le soutien de 3 députés non-inscrits (et de 3 députés d'opposition), Sanae Takaichi est élue Première Ministre le 21 octobre (196+35+3+3= 237) au premier tour.
Un gouvernement dirigé par une femme mais qui ne fait pas la part belle aux femmes.
Si Sanae Takaichi marque l'histoire en devenant la première femme à ce poste, elle montre néanmoins une posture très conservatrice dans le choix des ministres :
Bien que femme, Sanae Takaichi confirme sa posture très conservatrice en ne nommant que 2 femmes Ministres (sur 22).
La photo du Gouvernement reste également dans le formalisme, la rigidité et la tradition des gouvernements précédents.
Une singularité de la vie personnelle de Sanae Takaichi.
Elle épouse en 2004 un député, Taku Yamamoto, dont elle divorcera en 2017. En 2021, ils se remarient, et Taku Yamamoto adopte le nom de sa femme et devient Taku Takaichi.
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