Sanctuaire Shinto Hachimangu : Au cœur de l'histoire moderne du Japon
- Lehmann - Estampes japonaises XIXème siècle
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Le Post "Sanctuaire Shinto et Meurtre en Famille" décrit la tragédie intervenue en 2017.
Huit ans après, les activités du Sanctuaire ont repris leur cours normal, avec un nouveau Grand Prêtre.
Ce Post est l'occasion de plonger dans le système de formation des prêtres Shinto qui depuis 150 ans est une illustration des différentes phases de l'histoire contemporaine japonaise.
Soichi Maruyama, le nouveau Grand Prêtre du sanctuaire nous explique :
Depuis toute petit, j'étais ce qu'on appelle un « fils à grand-mère ». Ma grand-mère était très religieuse et adorait les sanctuaires et les temples. Je crois que j'ai ressenti une certaine affinité avec les sanctuaires parce que je les observais de loin.
Je suis originaire d'Okayama, mais je fréquente Tomioka Hachimangu depuis que j'ai obtenu mon diplôme de l'Université Kokugakuin de Tokyo.
Concernant l'après tragédie, Mr Maruyama nous explique :
Plus que tout, c'est la volonté des paroissiens de « protéger Hachiman d'une manière ou d'une autre » qui nous a vraiment aidés.
Nous avons surmonté une épreuve très grave, grâce au soutien des paroissiens et nous avons pu dissiper l'image sombre de l'incident.
Plutôt que de penser « On ne le fera pas » à cause de l'incident, nous avons agi : l'année suivant l'incident était celle du changement d'Empereur, nous avons remplacé les rideaux et les stores du sanctuaire, revêtu de nouveaux costumes et demandé aux maîkos d'exécuter la « danse Urayasu » devant les paroissiens. Nous nous sommes également portés volontaires pour participer à la « Célébration nationale de l'intronisation de Sa Majesté l'Empereur (Naruhito) » qui s'est tenue devant le Palais impérial, et avons porté notre sanctuaire portatif Ninomiya mikoshi (24 kg d'or) (voir Post précédent sur le Mikoshi).
Jusqu'à présent, nous n'avions jamais amené de mikoshi à un festival comme celui-ci. Certains l'ont même qualifié de « mikoshi maudit ».
La posture de Soichi Maruyama est intéressante et s'apparente à celle d'un chef d'entreprise qui fait redémarrer son entreprise après une crise, en saisissant toutes les opportunités.
Les liens du Sanctuaire avec la famille impériale.
La participation du Sanctuaire à l'intronisation du nouvel Empereur s'imposait car on raconte que en 1945 le grand-père de Naruhito, l'Empereur Hirohito (Showa de son nom posthume) aurait décidé de mettre fin à la guerre lors d'une visite au sanctuaire Tomioka Hachimangu pour constater les dégâts causés par les grands raids aériens sur Tokyo.
Dans l'enceinte du sanctuaire, se trouve une stèle où est écrite la citation de l'empereur Showa :
"Nous devons endurer l'insupportable, supporter l'insupportable et ainsi ouvrir la voie à la paix pour toutes les générations à venir."
Le 15 août est le jour du festival annuel de Tomioka Hachimangu, qui est aussi la date de la reddition du Japon en 1945. La fin de la guerre fut due au pouvoir divin du sanctuaire Hachimangu et la reconstruction d'un nouveau Japon commença au sanctuaire même.
Le Collège Impérial d'Etudes Japonaises : réaction conservatrice à l'ouverture du Japon.
L'université Kokugakuin (où Mr Maruyama a étudié) en charge de la formation des prêtres Shinto a une histoire intimement liée à la modernisation du Japon, au développement du nationalisme dans les années 30 mais aussi à la démocratisation du Japon après la deuxième guerre mondiale.
Pendant la restauration Meiji, l'occidentalisation rapide a conduit à un état où la pensée et la culture traditionnelle japonais ont été négligées. Cependant, le sentiment grandissait que, pour que le Japon accède à un statut de nation majeure, sa pensée, sa culture et son système devaient s'appuyer sur l'histoire et l'ethnicité japonaises.
Ainsi a été créé en 1882, le Koten Kokyusho (Collège Impérial d'études japonaises), institution d'études classiques et de formation des prêtres shintoïstes dans le cadre de la politique shintoïste du gouvernement Meiji qui consistait principalement à donner de l'importance à la religion native du Japon (Shinto) contre la religion importée (Bouddhisme)
L'université Kokugakuin (Institut d'étude du Japon) a pris la suite de ce Collège en 1920 (lors d'une réforme de l'Enseignement Supérieur).
L'esprit fondateur démontre une volonté nationaliste :
Le Prince Arisugawanomiya, fondateur de l'Université aura comme discours d'ouverture de l'Université :
« Établir les fondations » signifie « clarifier les fondements sur lesquels repose le peuple japonais ».
" En clarifiant le caractère national du Japon (explication du système politique national) et en cultivant et nourrissant le caractère (culture de la vertu), l'esprit shintoïste de l'Université Kokugakuin repose sur l'exploration des fondements du Japon à partir de la culture traditionnelle."
Masakaze Takasaki premier président de l'Université était un ancien officier d'état-major qui fit ensuite une longue carrière comme haut fonctionnaire de la Maison Impériale.
Le 4 octobre 1945 les Autorités d'occupation publient la « Directive sur la liberté », qui abolit les « restrictions à la liberté de pensée, de religion, de réunion et de parole » et autorise « les discussions illimitées concernant l'Empereur, le régime politique national et le gouvernement impérial japonais ».
Dans la foulée des directives imposant une séparation stricte des religions et de l'Etat sont promulguées.
En 1946, l'Université est dissoute par les Autorités américaines.
En 1948, dans le cadre de la refonte du système d'enseignement, l'Université est rétablie, mais la Faculté de formation des prêtres ne sera rouverte qu'en 1951.
Ces évènements sont une illustration de l'évolution du Japon d'après guerre où les Autorités d'occupation après des premières décisions radicales ont adopté une position plus flexible vis à vis du Japon dans un contexte d'émergence de la Guerre Froide.
L'Université Kokugakuin est le seul centre de formation des prêtres Shinto piloté par l'Association des Sanctuaires Shinto qui regroupe près de 80 000 sanctuaires.
丸山聡一
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