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Le Quartier de Yoshiwara : Le Temple "Le débarras"

Dernière mise à jour : 6 oct. 2023

J'avais annoncé la semaine dernière que le Post de cette semaine serait étonnant :

Imagine-t-on à Paris une Eglise dédiée aux prostituées ? A Tokyo cela existe.


A 500 m du Yoshiwara (hors du quartier fermé dans lequel il n'y avait ni temple ni sanctuaire) se trouve un temple bouddhiste le Jyokan-ji (que l'on pourrait traduire par Temple du calme et de la pureté) , ouvert en 1655.



Ce temple est semblable à de nombreux temples bouddhistes qui existent à travers tout le Japon.



Ce temple dépend de l'honorable secte Jyodoshyu (Bouddhisme de la Terre Pure), fondée en 1175 à Kyoto par un moine chinois.


Il a également un surnom : "Le débarras" (Nagekomidera).

En 1855, 500 prostituées victimes du Grand tremblement de terre de Ansei, y furent incinérées en urgence pour éviter les maladies.


Dans l'enceinte du temple, une stèle est dédiée aux âmes des travailleuses du Yoshiwara (c'est la statue sur la partie supérieure du petit monument).

Sur la plaque noire en bas à droite est écrit, en hommage aux femmes du Yoshiwara :

"Je suis née dans un monde difficile et je suis morte à Jyokanji"


Il recèle également les registres contenant les noms de 25 000 prostituées et de leurs enfants morts entre entre 1743 et 1926. On estime que vers 1900, 3000 femmes travaillaient dans le Yoshiwara.


On note à travers cet élément l'absence de règles morales, au sens où nous les connaissons, dans les religions au Japon. Rien ne peut justifier d'exclure à certaines personnes ou professions l'accès aux lieux religieux et aux cérémonies.


Plusieurs autres monuments dans ce temple rappellent la mémoire et le contexte très difficile du travail dans le Yoshiwara.


Stèle de Sayoi :

Sayoi, une courtisane du Yoshiwara a été injustement accusée par sa propriétaire d'incendie volontaire et a été brûlée sur un bûcher. Cependant au 1er, 4ème et 7ème anniversaire de la mort de Sayagi un incendie s'est déclaré chez l'ancienne propriétaire, et le bâtiment a complètement brûlé à trois reprises.

Les fidèles du temple ont alors réalisé cette stèle et rendu honneur à la mémoire de Sayoi. Depuis, plus aucun incident n'est intervenu.

Stèle de Wakamurasaki

Cette stèle "classique" honore la mémoire des disparus.

Comme les courtisanes n'ont pas de stèle à leur nom, celle-ci veut représenter toutes les courtisanes qui sont incinérées sans "mémoire". Cette stèle porte le nom d'une courtisane tuée par un client en 1894.


Stèle du passé et du présent

Stèle érigée en l'honneur du double suicide (amour impossible) d'un haut fonctionnaire Toyonaga et d'une courtisane Seishi, en 1879

Plaque du Sanglier de feu

En 1830, un sanglier blanc qui était élevé à proximité de Yoshiwara Daimon a été enterré dans le temple pour le protéger des catastrophes. Ni les grands tremblements de terre de 1855, 1923 ni les terribles bombardements de mars 1945, n'auront touché ce temple, alors que l'intégralité du quartier a été largement détruite 3 fois.

Ce qui est également notable dans ce temple, et que l'on retrouve dans beaucoup de temples bouddhistes est la cohabitation d'hommages à différents évènements ou personnages :

Kafu Nagai (1859-1979), nouvelliste japonais, qui a écrit l'hommage aux dames du Yoshiwara

Akiiwao Hagiwara (1822-1877) : Maître de calligraphie


Je vous invite à redécouvrir une nouvelle fois les estampes représentant les courtisanes et les belles dames.



La semaine prochaine, nous continuerons sur le volet de la spiritualité, en restant à proximité du Yoshiwara.


Bonne semaine

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