L'estampe de Chikanobu montre la vie paisible des dames nobles au Palais Shogunal devenu le Palais Impérial, dans une activité d'habillement.
Dans ce Palais Impérial, la Princesse Aiko, fille unique du couple impériale a fêté le 1er décembre 2024 ses 23 ans.
Deux photos officielles, l'une à l'intérieur du Palais Impérial,
l'autre dans les jardins :
Les activités et le rôle de la Princesse Aiko.
Depuis son 21ème anniversaire, elle est devenue un "membre adulte" de la Famille Impériale (en Grande-Bretagne on dirait "working Royal"), et à ce titre a débuté ses activités de représentation.
Bien qu'elle soit la fille unique du couple régnant, ce sont trois hommes qui figurent dans l'ordre de succession au trône.
En effet, l'article 2 de la Constitution stipule : « Le trône impérial est héréditaire et sera hérité conformément aux dispositions de la loi de la Maison impériale adoptée par la Diète. »
À ce stade, la princesse Aiko, qui est l'enfant unique de l'empereur, n'est pas prise en compte dans l'ordre de succession au trône impérial :
1) Fils aîné de l'Empereur (fils de l'Empereur. Il n'y a personne)
2) Petit Fils aîné de l'Empereur (bien sûr il n'y a pas de personne concernée)
3) Autres descendants du fils aîné (idem)
4) Prince héritier et ses descendants (idem)
5) Autres descendants impériaux (idem)
6) Frères impériaux et leurs descendants (le prince Akishino, frère cadet de l'empereur, puis son fils le prince Hisahito)
7) Oncle de l'Empereur et ses descendants (Prince Hitachi, l'oncle)
Par conséquent, la succession au trône sera dans l'ordre :le prince Akishino, le prince Hisahito et le prince Hitachi.
Le débat constitutionnel
Noter que le principe d'égalité des sexes est absent du débat constitutionnel: ce qui préoccupe les experts, c'est la pérennité de la famille impériale.
Pour l'ouverture aux dames :
Hisahito subira une pression énorme si la règle ne change pas :
1- Il est absolument nécessaire qu’il grandisse en bonne santé, épouse une reine et ait au moins un garçon. Il est bien connu qu’il est difficile de trouver un partenaire pour un membre masculin de la famille impériale qui est certain de monter sur le trône à l’avenir.
2- La probabilité d'avoir un garçon est de 50 %, et dans le monde d'aujourd'hui où le nombre d'enfants qu'une femme donne naissance au cours de sa vie est bien inférieur à deux, il est cruel d'attendre qu'un garçon naisse.
Pour cette raison, le 24 novembre 2005, un expert de la loi de la Maison Impériale a suggéré que nous devrions reconnaître les huit empereurs féminins de lignée masculine dans l'histoire, ainsi que les empereurs masculins et féminins de lignée féminine qui ne sont pas encore nés.
"Tenter de maintenir la succession par la lignée masculine entraînera la mise en danger de l'héritage héréditaire lui-même en tant que tradition la plus fondamentale", et sur la base de ce problème très légitime, "En ce qui concerne les qualifications pour la succession au trône impérial, il a été conclu qu’il serait approprié d’élargir le champ d’application".
Pour le maintien de la lignée masculine :
La « pureté » est le mot clé :
L'Empereur est issu d'une seule lignée pour tous les âges et est depuis longtemps lié par le sang à travers la lignée masculine.
Si vous tracez la lignée du côté du père, vous pouvez la retracer directement jusqu'au premier empereur Jimmu (660-585 BC).
Cette lignée pure a fait de l’Empereur une figure unique et intemporelle pour le peuple japonais. Jusqu'à l'époque d'Edo, il était déifié comme un « dieu vivant » qu'il ne fallait pas voir directement. Bien que l’Empereur moderne ne soit pas déifié, ce désir de « pureté » est toujours vivant.
Dans le shintoïsme, les femmes sont considérées comme « impures »
Le sang était considéré comme un symbole « d’impureté ». Parce que les femmes versaient du sang pendant leurs règles et lors de l'accouchement, elles étaient considérées comme impures.
Ainsi il est strictement interdit aux femmes d'atterrir sur Okinoshima, « l'île où dorment les Kami (divinités)" :
A noter que même Sanae Takaichi, une femme politique japonaise rapporteuse du sujet au parlement est opposée à l'accession au trône de Aiko.
La Vox Populi
Les voix de ceux qui soutiennent l'accession au trône de Aiko se font de plus en plus entendre, mais on peut dire qu'elles sont largement ignorées.
Divers sondages d’opinion (en 2024) ont montré que la majorité de la population approuve une femme empereur. Non seulement cela, mais « Je veux que la princesse Aiko devienne empereur » augmente de jour en jour.
Dans un sondage postal national réalisé par Kyodo News et publié le 27 avril (ciblant 3 000 hommes et femmes de plus de 18 ans), 90 % des personnes étaient favorables à l'autorisation d'une femme empereur.
De plus, dans un sondage d'opinion réalisé par le Mainichi Shimbun les 18 et 19 mai, 81 % étaient en faveur d'une femme empereur, tandis que seulement 10 % s'y opposaient.
Elargissement de la notion de famille impériale
Cependant, les discussions entre les partis au pouvoir et d'opposition à la Diète se concentrent uniquement sur la pérennité de la famille impériale (Actuellement, la famille impériale compte 17 membres et seuls trois membres masculins sont éligibles pour hériter du trône).
Il s'agit simplement d'élargir la notion de famille impériale pour augmenter de nombre de "mâles" éligibles à la succession.
(1) Les femmes membres de la famille impériale restent membres de la famille impériale même après le mariage (ce qui n'est pas le cas aujourd'hui) : leurs éventuels fils pourront devenir empereur. (voir post)
(2) Un homme de la lignée masculine de l'ancienne famille impériale revient dans la famille impériale en tant qu'enfant adopté : des cousins pourront devenir empereur
(3) Si (1) et (2) ne suffisent pas, les membres masculins de l'ancienne famille impériale seront directement réintégrés dans la famille impériale : des cousins éloignés pourront devenir empereur.
Ainsi, dans une grande démocratie du XXIème siècle, l'égalité hommes-femmes n'est jamais mise en avant dans le débat public.
Quatre Posts précédents aborde la famille impériale. Lisez le premier d'entre eux.
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