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Photo du rédacteurLehmann - Estampes japonaises XIXème siècle

Le Tokaido (6) Hakone

Dernière mise à jour : 23 oct.


L'étape entre Odawara et le relais suivant de Hakone était considérée comme l'étape la plus difficile : en effet on quitte le bord de la mer et la plaine du Kanto pour monter jusqu'à une altitude de 840m (point culminant du Tokaido),dans une ville entourée de montagnes jusqu'à 1400m.


L'estampe de Yoshimori présente le relais de Hakone qui constituait aussi un checkpoint important pour la sécurité du régime shogunal.






La localisation de Hakone est indiquée par le point rouge.


Hakone contrôlait l'entrée de la plaine du Kanto (grand plaine où se trouve Edo/Tokyo), et depuis le 8ème siècle le lieu avait été témoin de nombreux combats.


Le site en 1869


En 1619, le Shogun construit à Hakone un checkpoint, qui fonctionnera jusqu'en 1869 (fin de l'ère Edo).

Il sera reconstruit à l'identique en 2009, 390 ans après sa mise en service initiale.




La fonction principale de ce checkpoint était de contrôler les armes entrantes (vers Edo) et les femmes sortantes (en provenance d'Edo).


C'est à dire d'une part d'éviter l'afflux d'armes vers Edo (lieu du pouvoir Shogunal) et d'autre part d'empêcher la fuite des femmes et enfants des nobles soumis à la règle de la résidence alternée (Sankin Kotai). Voir le Post "Le Japon au XVII ème siècle : L'ordre s'installe"



Sur le plan on peut voir les deux entrées (l'une vers Kyoto et l'autre vers Edo). Noter les aires d'attente (Stand-by place5 et 12) dont la fonction était de "stocker" les voyageurs avant qu'ils ne puissent entrer dans le checkpoint.


Plus de 20 fonctionnaires travaillaient en permanence, dont 1 banto (chef de poste), 1 yokomesuke (adjoint), 2 à 4 banshi (inspecteurs), 3 assistants de ménage et 15 fantassins.




Il y avait aussi 2 Hitomi-onna (la dame qui regarde les gens) qui contrôlaient strictement les femmes.


Le checkpoint était localisé au bord d'un lac (Lac Ashinoko) et au pied d'une montagne si bien qu'il était incontournable, sauf à traverser le lac, ce qui était interdit.

Une tour de surveillance était donc installée.



Le réglement précisait également en détail l'armement permanent :

5 arcs, 10 fusils, 10 lances à long manche, 5 grandes lances, 1 ensemble de 3 outils (1 bâton, 1 sashimata, 1 manche) et 10 bâtons étaient stipulés comme équipement permanent. Cependant, on sait que la plupart d'entre eux étaient destinés à effrayer les voyageurs, et que les fusils à mèche n'étaient pas remplis de poudre à canon, et même s'il y avait des arcs, il n'y avait pas de flèches.



Une anecdote : Hitomi-onna : "la femme qui regarde les gens", et l'efficacité de la bureaucratie japonaise.

Pour assurer la stabilité du pays et éviter les révoltes, le respect de la règle de la résidence alternée était indispensable : les familles des Daimyos devaient rester à Edo quasiment en tant qu'otages.

Le fonction du check-point était donc d'empêcher les sorties "illégales" de Edo.


Chaque voyageuse (De-Onna) devait être en possession d'un laissez-passer (Goruishomon) émis par un des 6 fonctionnaires (Gorosuiyaku) assermentés du château d'Edo.

Les laissez-passer comprenait :

- identité de la voyageuse

- empreinte de la main

- description de la coiffure

- description du visage, des pieds et des mains

- identification de signes particuliers

- but du voyage


Une femme inspectrice "Hitomi-Onna" était chargée de contrôler les voyageuses et de s'assurer de la qualité de la voyageuse.

C'était généralement une vieille femme appelée "sorcière" par les voyageuses.


L'inspectrice détachait les cheveux de la voyageuse et vérifiait le visage, les mains et les pieds pour contrôler l'adéquation avec l'empreinte et la description sur le laissez-passer.

Un interrogatoire était ensuite effectué sur les motifs du voyage, la destination, la durée etc.


L'inspectrice transmettait ensuite le résultat de son investigation au chef de poste qui décidait ou non de laisser passer la voyageuse.


Compte-tenu de la durée des inspections les durées d'attente à l'extérieur du check-point étaient importantes, et les voyageurs s'entassaient dans cette zone dédiée.


Le respect du process de contrôle


Et l'inspection se déroulait ensuite selon un process bien défini :

1) lorsque la De-Onna (la dame qui sort) atteignait le checkpoint elle attendait dans la zone dédiée

2) Ensuite un des inspecteurs l'appelait "Viens ici" !

3) L'inspecteur contrôlait le laissez-passer

4) L'inspecteur ordonnait à la Hitomi-Onna de procéder à l'inspection de la voyageuse

5) La Hitomi-Onna inspectait physiquement la voyageuse et s'assurait de son identité.

6) La Hitomi-Onna référait au responsable du checkpoint le résultat de son contrôle

7) Le responsable autorisait (ou non) la voyageuse à poursuivre son voyage.


Le process concernait également les rotations du personnel :

- le chef de poste, son adjoint et les inspecteurs (4 à 6 personnes), disposant tous du statut de samouraïs changeaient le 2 de chaque mois. Ils étaient des vassaux du clan de Odawara et étaient tous dispatchés depuis le chateau de Odawara.

- les fantassins , qui dépendaient également de Odawara étaient remplacés tous les 23 du mois.

- les autres employés du checkpoint étaient des habitants de proximité, payés par le shogunat.


Tous ceux d'entre vous qui ont expérimenté l'efficacité et la rudesse de la bureaucratie et du process japonais ont certainement rencontré des descendants de la Hitomi-Onna...


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