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1701 - Une vendetta historique : la revanche des 47 ronins (1)

Dernière mise à jour : 6 oct. 2023

L'estampe datant de 1815-18 de Kuniyasu présente les premiers actes de la pièce de Kabuki "Le trésor des loyaux serviteurs" (Kanadehon Chushingura)

Cette pièce est tirée d'un évènement réel intervenu en 1 701,"La revanche des 47 ronins", qui recèle de nombreuses composantes de la morale et des codes d'honneur du Japon. C'est une des trois vendettas les plus importantes de l'histoire du Japon et est emblématique de la morale et des codes d'honneur du Japon traditionnel.

Le respect de l'étiquette

Deux Daimyo (seigneurs locaux) Asano et Kamei se rendent à Edo pour rencontrer Kira, le tout puissant maître des cérémonies du Shogun. Celui-ci doit leur donner les instructions pour préparer leur séjour à Edo dans le cadre du système de résidence alternée imposé par le Shogun (voir le Post Le Japon au XVIIème : l'ordre s'installe).


Asano


Kiro, connu pour sa cupidité, est fort mécontent du peu de cadeaux apportés par les visiteurs, et les traite les avec dédain. Asano, pieux bouddhiste très respectueux de la morale confucianiste s'irrite cette attitude et considère comme une offense l'attitude de Kira, mais du fait de sa morale accepte la situation avec stoïcisme.


La corruption et la malhonnêteté gagnantes

Kamei (le deuxième Daimyo) est également scandalisé et se prépare à assassiner Kira. Un de ses conseillers le convint de ne pas passer à l'action et finalement Kamei verse une large somme d'argent à Kira. Il obtient de ce dernier d'être traité avec beaucoup d'égards.

A l'inverse Asano devient le souffre-douleur de Kira qui en public le traite de "péquenot".


Kira à droite insulte Asano au centre (à gauche se trouve la femme de Asano)


Furieux, Asano se jette dague au poing sur Kira, le blesse au visage et l'aurait tué sans l'intervention des gardes.


Sortir une arme dans le palais du shogun est un crime et le Shogun ordonne à Asano de commettre Seppuku.


Le suicide rituel : Seppuku (Hara-kiri)

Le Seppuku de Asano

Avant de commettre Seppuku, le Samouraï écrit un poème d'adieu considéré comme important car une personne proche de la mort est supposée avoir des ressentis profonds sur la valeur de la vie et la nature de la mort.


Il est considéré comme un baromètre de la noblesse de l'âme et Asano fit le poème suivant :

"Plus que les fleurs de cerisier,

Invitant un vent à les souffler,

Je me demande ce qu'il faut faire,

Avec le reste du printemps"


Les érudits du XVIIIème siècle jugeront ces vers de piètre qualité car il évoque sa propre mort ce qui est considéré comme inélégant.


Noter sur l'image le tapis blanc rituel sur lequel se déroule le Seppuku.

Sur ce tapis sont posés la table d'écriture ainsi qu'un verre de sake.


La réalité du Seppuku, et le rôle clé de "l'assistant".


L'estomac est considéré comme l'endroit où réside l'esprit et la volonté de l'homme : s'ouvrir l'estmomac est donc considéré comme la voie la plus directe et la plus courageurse pour se donner la mort : le candidat au Seppuku doit donc avec sa dague s'éventrer horizontalement, puis verticalement.


Mais ceci n'entraîne pas la mort rapidement si bien que le rôle du personnage au deuxième plan (un des samouraïs de Asano) est clé :

1) il doit déceler d'éventuelles faiblesses dans la posture du suicidé (en particulier des grimaces de douleur, ou l'incapacité à s'éventrer verticalement). Il doit alors en abréger les souffrances en lui coupant la tête

2) mais, il ne s'agit pas d'une réelle décapitation, car si la colonne vertébrale doit être coupée, la tête doit rester sur le corps et ne doit en aucun cas être totalement détachée du corps : ce sont donc les meilleurs dans le maniement du sabre, parmi les plus fidèles collaborateurs qui sont choisis pour cette action.

Si la tête tombe, les deux personnages sont déshonorés.


Seuls les samouraïs ont le droit de faire Seppuku. Les roturiers peuvent se pendre ou se noyer.

Les femmes de samouraïs ont elles le droit de se suicider pour accompagner leur époux, en se tailladant l'artère jugulaire.

Dans l'estampe de Kuniyoshi, une dame prépare à se suicider avec un poignard. Ses jambes sont liées pour lui permettre de conserver une posture plus digne pendant l'agonie.



Après ce Seppuku, Asano a lavé son honneur mais ses biens sont confisqués et les guerriers composant sa garde deviennent des samouraïs sans maître (ronin).


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