L'estampe de Kunisada représentant le grand poète japonais Kakimoto Hitomaro nous transporte aux VIème et VIIème siècles.
Le Japon s'unifie et commence à disposer d'un nouveau système d'écriture en provenance de Chine et de nouvelles techniques de culture et de construction.
Entre l'an 0 et l'an 500, des populations venues de Corée apportent la culture du riz et l'utilisation du fer et des techniques de construction et supplantent les populations indigènes essentiellement chasseuses.
La révolution néolithique qui dans le reste du monde se sera déroulée sur plusieurs milliers d'années aura transformé le Yamato (nom ancien du Japon) en seulement 5 siècles.
Le temple Horyu-ji près de Nara construit en 607, première structure monumentale en bois au monde est une illustration de cette révolution.
A noter que deux thèses divergentes existent sur cette révolution:
- une mise en œuvre suite à une immigration en provenance de Corée
- une mise en œuvre par les seules populations autochtones grâce à une assimilation "locale" des techniques importées.
On devine aisément la thèse que les nationalistes du XIXème siècle ont privilégiée .
Le mot Japon apparaît
En 607, c'est également la première mention connue du nom Japon (Nihon) dans une lettre du régent du Japon à l'empereur de Chine "l'empire du soleil levant s'adresse à l'empire du soleil couchant...". Les deux idéogrammes qui définissent le mot Japon (Nihon) apparaissent. Littéralement ils se traduisent par "les racines/l'origine du soleil" :
Les VIème et VIIème siècles verront également l'introduction du bouddhisme qui "fusionnera" avec la religion Shinto
Les Japonais intègreront les deux religions: les temples bouddhistes seront appairés avec des sanctuaires shinto.
Les divinités bouddhistes appelées Banshin (dieux barbares) seront considérées comme des divinités supplémentaires.
Comme pour l'intégration de l'écriture chinoise évoquée dans le post du 29 avril, (Senso-ji et Asakusa : l'illustration de la particularité de l'écriture japonaise)
l'intégration d'une religion étrangère (Bouddhisme), à une religion indigène (le Shintoisme) est emblématique de la capacité du Japon à intégrer, s'approprier, modifier des éléments venus de l'étranger (syncrétisme bouddhisme-shintoisme).
Dans la stèle ci-dessous, cohabitent des renards (divinités shinto) sous une représentation de Bouddha, la stèle elle-même étant bouddhiste.
A la même période en Gaule, la paix romaine n'est plus qu'un vieux souvenir. Depuis 200 ans par vagues successives les Germains ont traversé le Rhin.
Parmi les envahisseurs, les Francs. Leur chef Clovis se distingue. Il se convertit au catholicisme, se fait élire roi et fonde la dynastie mérovingienne.
Le syncrétisme bouddhisme-shintoisme durera jusqu'en 1868, où la modernisation du Japon s'accompagnera de la montée du nationalisme : le Bouddhisme, religion importée sera combattue par les nationalistes (un mouvement "Expulsons le bouddhisme" verra le jour). Les temples bouddhistes seront séparés des sanctuaires shintos et des lieux de prière seront détruits.
Cloches de temples détruites et fondues
Aujourd'hui les deux religions restent séparées, mais le Shintoisme qui a été religion d'Etat entre 1868 et 1945 ne l'est plus : le Japon connaît un régime très strict de séparation de l'Eglise et de l'Etat qui interdit tout soutien financier public à des institutions religieuses, à l'instar de la France (sauf pour nos amis hauts et bas rhinois, et nos amis mosellans).
Comme celle de tous les autres pays, l'histoire du Japon est faite de crises, de soubresauts, d'avancées, de retours en arrière, même si la dynastie impériale règne depuis près de 3000 ans...
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